« Tout ce que je veux moi, c’est une maison » : Lytton témoigne, deux ans après le feu
Radio-Canada
Une pluie erratique s’abat sur le canyon du Fraser. Pour un mois de juin, la météo est particulièrement fraîche et maussade au point le plus chaud du Canada. Au cœur du village de Lytton, en Colombie-Britannique, un drapeau canadien balayé par les rafales semble s’arracher à son poteau. C’est l’un des seuls signes de vie qui se manifeste ici, deux ans après l'incendie.
Le 30 juin 2021, le village de Lytton brûlait. Dans ce qui était autrefois le centre-ville de la communauté, il ne reste plus, aujourd’hui, qu’un grand chantier entouré de barrières et jonché d'amas de terre. Des poteaux à numéro marquent les lots où, autrefois, se dressaient des habitations qui ont laissé place à des fosses creusées lors des travaux de décontamination.
Une tuque sur la tête en plein mois de juin, Patrick Michell, le chef retraité de la bande indienne de Kanaka Bar, regarde la météo d'un air résigné. Il observe ce qu’il reste de son village natal, en expliquant qu’il s’agit, pour lui, d’une preuve de plus du dérèglement du climat.
« Tenez-vous prêt. On ne se prépare plus pour les événements futurs, on les vit. »
Ce n’est pas une histoire triste que le chef autochtone retraité veut nous raconter, mais l’histoire de la résilience d’une communauté, de l’adaptation à un monde en changement, de l’après.
Le 30 juin 2023, ça fera deux ans que j’ai perdu ma maison. Le 30 juin 2023, ça fera deux ans que j’ai perdu ma ville natale. Ce sont des choses matérielles. Je n’ai pas perdu mon sens de la communauté. Je n’ai pas perdu ma famille. J’ai hâte de rebâtir.
Pour le membre de la Nation Nlaka’pamux, bâtir une maison plus résistante, c’est surtout s’assurer que sa famille n’ait pas à revivre ce traumatisme.
« J’ai retrouvé ma femme sur le bord de la route, en pleurs. Elle portait un t-shirt. Ma fille, Serena, enceinte de huit mois, en pleurs. »
Nos trois petits enfants n’avaient pas de vêtement. [...] Fernando, le mari de ma fille, avait le visage de marbre. Il ne pouvait ni parler ni bouger, raconte-t-il.