« The Matrix » : ressusciter mais sans son âme
Radio-Canada
Le 4e volet de La Matrice, la série créée à la fin des années 90 par les sœurs Lili et Lana Wachowski, prendra l’affiche cette semaine, près de 18 ans après la sortie du dernier film, « Révolution ».
Le film a été présenté en première canadienne, jeudi dernier à Toronto en présence de Keanu Reeves qui a défilé sur le tapis noir pour répondre aux questions de la presse. Il a également fait une brève apparition dans l’une des dizaines de salles qui présentaient simultanément le film à des milliers de fans, présents au Théâtre Banque Scotia, entièrement habillé aux couleurs de la Matrice pour l’occasion.
Pour plusieurs cinéphiles, « La Matrice » est le film qui a fait entrer le cinéma dans le 21e siècle. En empruntant aux jeux vidéos, à la bande dessinée, aux arts martiaux, à la réalité virtuelle et même à la philosophie, le film se démarque alors à la fois au niveau narratif, cinématographique et technologique.
« Résurrections » se déroule près de vingt ans après la bataille épique de Zion, lors de laquelle, Neo (Keanu Reeves) a réussi à sauver l’humanité. Neo, de son vrai nom Thomas Anderson, est à nouveau branché à la Matrice. Il habite maintenant San Francisco et il ne se souvient plus de la ville Zion, ni de ses partenaires Morpheus et Trinity. De simple pirate informatique, il est maintenant devenu le créateur d’un jeu vidéo à succès, intitulé THE MATRIX dans lequel, les humains menés par un trio héroïque : Neo, Morpheus et Trinity, tentent de reprendre le contrôle de notre monde, en affrontant des machines créées par une intelligence artificielle supérieure.
Une idée de départ somme toute intéressante, puisque la série a toujours entretenu un lien étroit avec le monde du jeu vidéo. Malheureusement, ce qui aurait pu être un habile clin d'œil s’étire, au point de devenir presque risible.
En fait, c’est une des grandes faiblesses de « Résurrections », piloté seule par Lana Wachowski qui ne semble pas faire confiance ni à la mémoire ni à l’esprit d’analyse des spectateurs. La réalisation a plutôt choisi de souligner à gros traits tous les référents aux premiers films, en utilisant des tonnes de vieilles images et en allant même jusqu’à prénommer Déjà-vu, le chat noir du psychiatre de Thomas Anderson, une scène pourtant mythique du premier film.
Une occasion manquée de laisser aux adeptes le plaisir de la quête, celui de décortiquer eux-mêmes tous les référents potentiels à la première trilogie.
On attribue à The Matrix l’invention de nouvelles techniques cinématographiques, par exemple l’effet bullet time, popularisé par cette scène légendaire où Neo évite les balles de l’agent Smith qui passe près de lui au ralenti ou encore l’effet Matrix, cette prise de vue 360 degrés reprise de multiples fois depuis la dernière décennie par la Ligue nationale de Football (NFL) et mêmes quelques émissions de divertissement.
Cette fois-ci, Lana Wachowski nous propose un nouvel effet à la fois ultra rapide et ultra-ralenti dans la même scène, mais cette ultime tentative d’innovation ne fonctionne pas et surtout, n’a rien de spectaculaire.