« Protégez les joueuses, protégez les femmes »
Radio-Canada
Un jour, un ami a demandé à l’auteur Tom Wolfe quel était son conseil aux jeunes journalistes. « Sortez de l’édifice! » avait-il répondu. « Vous ne pouvez pas bien comprendre ni bien écrire sur des choses que vous ne vivez pas, que vous ne pouvez voir de vos yeux ou que vous n’entendez pas de vos oreilles. »
C’est une philosophie simple que les meilleurs dirigeants d’entreprises de vente au détail, par exemple, appliquent à leur façon. Pour comprendre leurs consommateurs, ils vont les observer et les rencontrer en magasin. Ils les écoutent et apprennent à connaître toutes les habitudes de ceux qui achètent leurs produits, et ils sont sensibles au moindre changement de consommation. Et quand ces mêmes consommateurs participent et réagissent aux mouvements sociaux qui bousculent, les dirigeants les plus futés savent qu’ils ne peuvent pas en faire fi.
En 2019, le baromètre de confiance d’Edelman dévoilait qu’à travers le monde, 53 % des employés estimaient que chaque marque a la responsabilité de s’engager dans une cause sociale, alors que 54 % des employés, eux, croyaient que les PDG devaient publiquement prendre position lors de controverses politiques et de causes sociales. Le message est clair : les entreprises doivent prendre le pouls des sociétés et environnements dans lesquels elles évoluent et elles doivent agir.
Avec leurs organigrammes et avec les revenus qu’elles génèrent, il n’y a plus rien qui diffère entre les ligues sportives et les entreprises les plus rentables du classement Fortune 500. Et, à ce titre, la ligue qui a le mieux réagi aux bouleversements sociaux des dernières années ainsi qu'aux changements culturels est la National Basketball Association (NBA). De son appui sans équivoque au mouvement Black Lives Matter (La vie des Noirs compte) à son implication lors de la plus récente élection présidentielle aux États-Unis, en passant par sa politique sur la santé mentale, l’Association nationale de basketball a souvent démontré, à travers ses décisions, que ce sont ses joueurs qui sont au cœur de la ligue.
Une ligue player-centric. Tout ça commence avec un commissaire à l’écoute. C’est l’héritage que David Stern, arrivé à la tête de la ligue en 1984, a transmis à Adam Silver, aujourd’hui en poste.
À l’opposé du spectre, je croyais jusqu’à récemment que la National Football League (NFL) était le cancre des ligues. Puis sont venues les révélations dévastatrices sur la National Women's Soccer League (NWSL), la Ligue nationale de soccer féminin, dévoilées dans une enquête de The Athletic, le mois dernier.
Il y a 10 ans, Paul Riley était l'entraîneur de l’équipe de Philadelphie en WPS, l’ancêtre de la NWSL. Mana Shim, alors joueuse de l’équipe, a allégué avoir été victime de harcèlement de la part de l'entraîneur. Ce ne serait pas le seul écart de Paul Riley, qui aurait continué, selon Shim et sa coéquipière Sinead Farrelly, d’équipe en équipe, passant du harcèlement à l’abus verbal, de l'inconduite à la coercition sexuelle. Et ce, jusqu’en 2015, lorsque Riley a été remercié par les Thorns de Portland, l'équipe qui l’employait.