« Pas d’erreurs » du juge, plaide l’agresseur sexuel Simon Houle en appel
Radio-Canada
L'agresseur sexuel Simon Houle, qui a bénéficié d'une absolution, entre autres pour ne pas nuire à sa carrière d'ingénieur, tente de convaincre la Cour d'appel que sa peine clémente est justifiée.
[...] Le jugement du juge est fouillé et très étoffé par une nombreuse jurisprudence; rien dans celui-ci ne laisse transparaître une erreur de principe..., écrit l'avocat du Trifluvien de 31 ans dans son exposé déposé fin octobre devant la Cour d'appel, dont Radio-Canada a obtenu copie.
En avril 2019, Simon Houle a agressé sexuellement et photographié une de ses amies, endormie, après une fête dans un appartement. Après avoir plaidé coupable, il a bénéficié d'une absolution conditionnelle, notamment afin de lui permettre de voyager pour son travail.
La décision du juge de la Cour du Québec Matthieu Poliquin a créé une controverse pendant l'été et le directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) l'a portée en appel. Il réclame une peine de 15 à 18 mois de prison.
Face au tollé, Simon Houle et son avocat Pierre Spain n'ont jamais pris la parole publiquement. Leur mémoire d'appel est leur première réplique.
Simon Houle estime qu'un public bien informé de tous les éléments pris en considération par le juge comprendrait qu'il ait bénéficié d'une absolution. Un public bien informé, ce n'est pas un public qui a lu et entendu dans les médias qu'un ingénieur accusé d'agression sexuelle a obtenu une absolution pour lui permettre de voyager dans le cadre de son emploi, écrit son avocat.
Il demande à ce qu'une distinction soit faite entre l'intérêt public et la clameur d'un public non adéquatement informé.
Alors que le DPCP critique le juge Poliquin qui aurait démontré une vision réductrice de la gravité réelle de l'agression, Simon Houle souligne au contraire que le juge mentionne dans sa décision le caractère intrusif et grave des gestes posés.
Si le ministère public croit que le tribunal a simplifié indûment les conséquences du crime sur la victime, l'agresseur estime plutôt que le juge en fait grand état dans son jugement. Il cite 10 paragraphes qui relatent notamment la honte et la colère de la plaignante, sa consommation d'alcool qui a augmenté, ses échecs scolaires, son arrêt de travail, ses difficultés financières et sa peur constante de revoir son agresseur.