« On vit une angoisse » sur le terrain en Ukraine, raconte la Dre Joanne Liu de MSF
Radio-Canada
Le bombardement par l’armée russe d’une gare bondée à Kramatorsk, dans l’est de l’Ukraine, est une source d’angoisse pour la Dre Joanne Liu, qui était présente sur les lieux il y a quelques jours avec Médecins sans frontières (MSF).
On a évacué 57 personnes [de Kramatorsk] dans deux transferts, a indiqué la Dre Liu, qui se trouve actuellement à Dnipro, en Ukraine. Là, le train s’en vient de l’ouest vers l’est pour aller chercher [d’autres patients], a-t-elle ajouté lors d'un entretien à 24/60 vendredi.
La Dre Liu trouve la situation en Ukraine anxiogène.
« Nous avons des alarmes aériennes régulièrement [...] et on doit décider si nous allons nous réfugier dans le bunker ou pas. »
Elle n’a pas peur, c’est peut-être un grand mot, mais disons qu’on vit une angoisse, a dit la Dre Liu à Anne-Marie Dussault. Autre source de préoccupation pour la pédiatre : la menace d’une attaque chimique de la Russie ne doit pas être écartée. J’ai dû apprendre à gérer mon angoisse et faire preuve de sang-froid, a-t-elle noté.
Selon elle, le travail des équipes soignantes en Ukraine est rendu difficile à cause des attaques de l’armée russe qui visent des infrastructures de santé. Il y a eu des frappes régulièrement sur des hôpitaux. On parle d’une moyenne d’une à deux fois par jour, selon l’Organisation mondiale de la santéOMS, a continué la Dre Liu.
L’attaque sur la gare de Kramatorsk vendredi, quand les gens attendaient pour prendre le train d’évacuation [...] ça ne peut pas avoir d’autre dessein de cibler une population civile et c’est extrêmement choquant, s’est-elle désolée, avant de rappeler qu’il y a eu 14 attaques sur les chemins de fer ou sur les gares ukrainiens depuis le début de l’invasion russe. On demeure extrêmement tristes et un peu désespérés.
Médecins sans frontières a décidé de travailler sur trois grands axes en Ukraine, a expliqué la Dre Liu. Médecins sans frontièresMSF s’est d’abord concentré sur l'approvisionnement de consommables médicaux, comme des aiguilles, des pansements et des outils chirurgicaux. Puis, il a fallu que le personnel se prépare à un afflux de blessés importants – comme pour la gare de Kramatorsk. Enfin, Médecins sans frontièresMSF s’est dédié à évacuer les blessés de l’est de l’Ukraine pour les déplacer vers l’ouest du pays.
Ici, il y a beaucoup de compétences, beaucoup de très bons chirurgiens, mais [accueillir] 100 patients en même temps, comment on fait la gestion de ça?, s’est interrogée la Dre Liu. Mais son engagement avec Médecins sans frontièresMSF sur d’autres théâtres de guerre, notamment en Syrie, l’a préparée – même si la situation en Ukraine est plus angoissante que ses autres missions.