« Où est Kamala? »
Radio-Canada
C’est la question que se posent bien des gens à Washington. Avec ses apparitions peu relayées par les médias, le rôle de la vice-présidente Kamala Harris suscite bien des interrogations. Surtout de la part des républicains, qui ne manquent jamais une occasion de médire sur elle, mais aussi de la part des électeurs démocrates en général, qui s’attendaient à une présence plus affirmée de celle qui est « à un battement de cœur » de la présidence américaine.
Ces derniers jours, Kamala Harris a surtout été visible lors de sa mission en France. Elle le sera aussi jeudi, lorsqu’elle accueillera Justin Trudeau dans la capitale américaine, juste avant le sommet des Trois Amigos. Si on ne la voit pas souvent sur les écrans, quels qu’ils soient, ce n’est pas seulement à cause d’un certain désintérêt des médias pour son rôle de troisième couteau politique, après les leaders républicains et démocrates du Congrès.
La vice-présidente semble manquer de conviction ou de préparation pour s’imposer. Et la Maison-Blanche ne vient pas vraiment à sa rescousse pour la mettre en évidence et la destiner à un avenir prometteur, au cas où. Il serait peut-être bon de remettre toutefois en contexte le rôle dévolu (et parfois ingrat) de la fonction de vice-président.
En cas de décès ou de destitution du président, c’est le vice-président qui prend le relais. Depuis 1789, il n’y a eu que neuf occasions où le numéro 2 a effectivement remplacé le président : huit fois en raison d'un décès et une fois en raison d’une démission (celle de Richard Nixon).
Plus couramment, donc, et constitutionnellement parlant, la principale responsabilité du vice-président demeure la présidence du Sénat. Ce qui est fascinant, c’est que malgré son rôle dans cette chambre, le ou la VP n’y a pas de voix, sauf si le Sénat est dans une impasse à 50-50.
Dans le contexte actuel de division extrême du champ politique à Washington, le rôle du vice-président des États-Unis est crucial. Pour la petite histoire, ce genre de division égale dans la Chambre haute est arrivé plus de 240 fois et a démontré le pouvoir d’une trentaine de vice-présidents.
Dans les faits, à part présider et certifier le décompte des votes du Collège électoral après la tenue d'une élection présidentielle, le rôle du VP se rapporte surtout à la représentation du président américain dans différentes fonctions et rencontres protocolaires.
Depuis l’entrée à la Maison-Blanche de Jimmy Carter, en 1977, le rôle du vice-président a cependant évolué, prenant davantage de place. Le président démocrate avait choisi Walter Mondale pour lui confier d’importantes missions afin qu’il ne soit pas relégué seulement au Sénat.
Ainsi, depuis, les vice-présidents peuvent être appelés à diriger des commissions sur des sujets particuliers pour épauler le président. Ils peuvent aussi voyager à l'étranger, en tant qu’éclaireur, lorsque le président n’est pas prêt à rencontrer certains chefs d'État.