« Nous courons vers l’assimilation », disent des profs en faveur de la loi 101 au cégep
Radio-Canada
Les syndicats locaux de 24 cégeps se sont prononcés dans les derniers mois en faveur de l'application de la loi 101 au cégep.
Nous, on est des vrais multiculturalistes : on veut préserver la couleur, l’âme du Québec, on ne veut pas d’un Québec "netflixisé", lâche Marie-Lou Bouchard, qui enseigne la communication au Collège de Rosemont.
Cette semaine, une de mes étudiantes francophones s’est adressée à moi en anglais, murmure-t-elle avec émotion. Comme si c’était normal!, ajoute-t-elle avec désarroi.
Dehors, la pluie tombe dru. Le printemps n’est encore que la fin d’un hiver de force. Dans le café étudiant décoré au goût du jour, Mme Bouchard, 43 ans, raconte son combat quotidien contre l’hégémonie culturelle américaine et anglophone qui semble balayer au passage le théâtre, la chanson, la littérature, les médias d’ici, en français.
« Beaucoup de mes étudiants ne connaissent aucun artiste francophone, ne lisent pas en français, ne regardent jamais la télé en français, et nous sommes dans un cégep francophone! Imaginez, alors, quelle place occupe la culture québécoise dans l’éducation des francophones et les allophones qui étudient en anglais. »
Si nous n’appliquons pas la loi 101 au cégep, nous courons tout droit vers l’assimilation. Nous allons disparaître culturellement, affirme Marie-Lou Bouchard.
L’idée a été qualifiée d’extrémiste par le premier ministre François Legault. Même son très nationaliste ministre Simon Jolin-Barrette, qui pilote la réforme de la Charte de la langue française, s’est rangé dans le camp du non.
Pour freiner l’exode des étudiants francophones et allophones vers les cégeps anglophones, le ministre propose un gel des places dans le réseau anglophone pour 10 ans, dans l’espoir de renverser une tendance lourde.
Depuis 2001, les anglophones sont minoritaires dans les cégeps de langue anglaise. En 2018, selon le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, près de 40 % de leurs étudiants étaient allophones et 21 % étaient francophones.