« Nous avions plein de projets… Ils n’existent plus. »
Radio-Canada
La guerre en Ukraine a poussé plus de 10 millions de personnes à fuir leur domicile. Plus de quatre millions d'entre elles ont quitté le pays, mais la majorité a trouvé refuge ailleurs, à l'intérieur des frontières. Certains espèrent que leur exil sera temporaire; d’autres hésitent devant un avenir incertain.
La place publique de la ville d’Ivano-Frankivsk est bondée cet après-midi. Des couples se tiennent la main en flânant; un père regarde son fils jouer aux camions; deux amies sirotent un café assises sur un banc.
C’est la vie sans la guerre. Un musicien gratte sa guitare, un vendeur de ballons attend tranquillement à son kiosque. Mais les apparences sont bien trompeuses dans l’ouest de l’Ukraine.
La ville a été épargnée par les bombes, mais les cœurs et les esprits sont meurtris. Ce n’est pas au premier abord qu’on le remarque. C’est en passant un peu plus de temps à discuter avec les habitants.
Les blessures et les doutes sont plus visibles dans les locaux de l’organisme D.O.M. 48.24, un centre d’aide aux femmes victimes de violence converti en refuge pour déplacés.
L’endroit est trop petit pour la soixantaine de personnes qui y ont trouvé refuge. Des femmes avec leurs enfants. Des aînés et quelques jeunes adultes.
Je n’ai pas eu de fin de semaine depuis le début de la guerre, lance Natalia Vychevetska, la responsable. Pour elle, c’était logique d’ouvrir ses portes à ses compatriotes dans le besoin.
Toutes les pièces sont encombrées. Des matelas recouvrent le sol d’une salle de réunion. Les fortes odeurs envahissent une autre pièce transformée en dortoir. Des vêtements et des serviettes sèchent un peu partout.
Les cendriers débordent de cigarettes fumées le regard dans le vide; les repas bon marché sont réchauffés au micro-ondes; les enfants sont turbulents, parfois agressifs, impatients.