
« Le Canada n’aide pas réellement », croit une famille ukrainienne de Trois-Rivières
Radio-Canada
Tarik Chabab regarde sa feuille de notes pour se rappeler toutes les démarches qu’il a faites depuis près d’un mois. Sa feuille est remplie. Le processus a été fastidieux pour réussir à faire venir sa belle-mère d’Ukraine le 12 mars dernier.
Ça nous a pris deux jours, du matin au soir. Il y a 29 pages à remplir et les questions étaient très compliquées. Ma conjointe et moi, on faisait ça à distance avec Galyna qui était toujours en Ukraine, raconte Tarik Chabab.
Tarik Chabab décrit pourtant le formulaire simplifié annoncé par le gouvernement du Canada le 2 mars dernier. Il s’étonne de le constater encore si complexe, d’autant plus qu'il est disponible seulement en français et anglais. Pour les réfugiés ukrainiens qui ne parlent que l’ukrainien, c’est impossible. Ils ne peuvent pas faire les démarches seuls., croit l'homme.
Tarik Chabab reconnaît que le Canada a la volonté d’agir, mais sur le terrain, ça ne transparaît pas, selon le Trifluvien. Il a fait de multiples appels aux ambassades et à différentes organisations canadiennes, mais n’a pas de retour. Il estime que le gouvernement doit mieux coordonner l’arrivée des réfugiés et surtout, ne pas les laisser tomber après leur arrivée en sol canadien.
« On parle plusieurs langues et on n’est même pas capable de trouver l’information. Imaginez les réfugiés. Il faut se demander: est-ce qu’on est prêt à accueillir des gens au Canada? Leur donner des cours de français? Si on n’est pas prêt, il ne faut pas donner de faux espoirs aux gens. »
Les larmes aux yeux, Maryna pense à des membres de la famille et des amis qui sont toujours en Ukraine. Chaque matin, elle leur envoie un message en espérant une réponse. À plusieurs reprises, elle a cru qu’ils étaient décédés.
« J’aimerais faire venir tout le monde ici. Ma mère a eu de la chance, elle avait quelqu’un à l’extérieur de l’Ukraine, mais ce n’est pas le cas pour tous les Ukrainiens. Je me sens impuissante. »
Maryna et Tarik Chabab se préparent d’ailleurs à accueillir des amis qui attendent leur visa canadien à Prague. Il y a les longues procédures, mais également les coûts pour se déplacer, sortir du pays, prendre l’avion, se nourrir et se loger qui rendent la tâche encore plus lourde aux réfugiés.
La famille Chabab a lancé une campagne de sociofinancement pour amasser des fonds pour soutenir leurs amis. Maryna dénonce les surenchères de billets d’avion qui ont cours dans certains aéroports d’Europe.