« La philosophie de la Chine est aussi l’expansion de l’autoritarisme »
Radio-Canada
TAIPEI – Pour beaucoup en Amérique et en Europe, les exercices militaires chinois, le mois dernier, dans le détroit de Taïwan après la visite de la présidente de la Chambre des représentants américains, Nancy Pelosi, ont fait craindre à une invasion de l’île taïwanaise.
Le ministre des Affaires étrangères de Taïwan, Joseph Wu, considère qu’il s’agissait d’une pratique en vue d’isoler l’île et d’imposer un blocus pour forcer la réunification avec la Chine.
En regardant les zones désignées pour ces exercices, on voit bien que Taïwan était presque entièrement encerclée. Les zones au nord et au sud étaient situées près de grands ports. On dit même que 18 voies maritimes internationales ont été affectées.Nous comprenons que la Chine a l’intention de former un blocus contre Taïwan au moment où l'invasion sera sa politique. Nous essayons de nous assurer que Taïwan ait toujours une connexion avec le monde extérieur dans ce cas-là.
Si les exercices chinois avaient pour but de projeter une image d’une superpuissance prête à tout, la petite île de Taïwan est aussi engagée dans une campagne de relations publiques internationales. Ses appels à la solidarité sont répétés et Taïwan a mené cet été de nombreux exercices militaires médiatisés.
Nous comprenons que l’appui international est un élément crucial. Dans cette perspective-là, nos exercices militaires et les messages envoyés aux autres démocraties sont des étapes importantes pour prévenir le déclenchement d’une guerre par la Chine.
Taipei se dit d’ailleurs plus inquiète depuis l’invasion russe en Ukraine. L’analogie est trop facile à faire. Une puissance autoritaire envahissant un territoire qu’elle considère être sien. Mais attention, la Chine est plus puissante et plus influente que la Russie, soutient le ministre Joseph Wu. Plusieurs pays d’Asie et d’Amérique latine sont prêts à se tourner vers le modèle communiste chinois comme alternative à la domination américaine sur la planète.
« Leur philosophie n'est pas seulement l'expansion de l'influence chinoise, mais aussi l'expansion de l'autoritarisme, prévient-il, les démocraties du monde entier doivent s'unir pour faire face à cette situation. »
Ces appels répétés à la solidarité semblent entendus. Les visites de délégations étrangères étaient déjà fréquentes, mais effectuées dans un anonymat relatif avant le passage médiatisé de Nancy Pelosi au mois d’août. En ce moment, les politiciens étrangers se succèdent à Taïwan.
Une délégation canadienne menée par la députée Judy Sgro envisage de s’y rendre le mois prochain. Le premier ministre Trudeau a cependant invité les élus à considérer les conséquences d’une telle visite. Sa réaction a été dénoncée par certains comme étant une forme de soumission à la Chine. Le gouvernement taïwanais n’est pas prêt à la voir ainsi.