
« Contribution santé » pour les non-vaccinés : des experts mitigés
Radio-Canada
Le gouvernement du Québec a annoncé mardi qu’il allait bientôt fixer le montant d’une « contribution santé » qui sera imposée aux personnes non vaccinées contre la COVID-19 dans les prochaines semaines. Radio-Canada Estrie a demandé à un docteur et à un avocat ce qu’ils pensent de cette mesure.
Le Dr Benoît Heppell, chef du département de médecine générale du CIUSSS de l’Estrie - CHUS, se dit très mitigé face à cette annonce de Québec.
« J’avoue bien honnêtement qu’en écoutant le point de presse cet après-midi, j’ai un peu sourcillé. »
Dans notre système de santé, on voit beaucoup de gens qui ont des comportements qui ne sont pas adéquats. Des gens qui conduisent trop vite sur la route, qui boivent en prenant leur voiture, qui font les fous sur des pentes de ski, qui fument toute leur vie, qui mangent de la malbouffe, qui sont sédentaires, et on les traite quand même et on ne met pas de taxe particulière, remarque-t-il.
On met des taxes sur certains produits comme la cigarette. On pourrait décider de facturer la malbouffe ou la liqueur douce, on pourrait décider de faire payer plus cher les gens qui achètent un VUS. D’appliquer ça aux non-vaccinés, pour moi, même si je suis tout à fait favorable à la vaccination, c’est un genre de double discours par rapport aux autres habitudes de vie et aux autres choix que les gens pourraient faire, ajoute-t-il.
Le Dr Heppell rappelle que des obligations existent déjà dans notre système de santé. Selon la loi, les personnes atteintes de tuberculose doivent par exemple se faire soigner. Selon lui, le fait d’imposer la vaccination d'ici les prochains jours arriverait cependant trop tard pour stopper la vague d’hospitalisations actuelle. Même si on oblige les gens à être vaccinés et on les vaccine tous dans les prochains mois, la crise est maintenant. C’est aujourd’hui que ça déborde dans nos hôpitaux et qu’on retarde nos chirurgies.
« Ce dont on a besoin, autant les vaccinés que les non-vaccinés, c’est d’avoir des mesures sanitaires extrêmement strictes qui diminuent la propagation et qui ralentissent le pic qu’on est en train de vivre. »
Il souligne également que de nombreuses personnes vulnérables sont non vaccinées. Ce ne sont pas tous des gens radicaux. Ce sont beaucoup des gens, on les voit à l’hôpital, qui sont isolés socialement, qui sont appauvris, des sans-abri, des gens qui sont vraiment avec un réseau social très pauvre.
Le Me Jean-François Leroux, avocat spécialiste en droit de la santé pour MedLégal, souligne quant à lui que de nombreuses questions restent en suspens quant à une éventuelle contribution santé .