« C’est Poutine qui a décidé de faire ça, pas nous », insistent des citoyennes russes
Radio-Canada
« C’est comme un train, tu sais. Vous, vous dites : “Ah! Les Russes, ce sont les coupables. Ils ne peuvent pas s’arrêter.” Mais c’est ça, en fait. On ne peut pas s'arrêter parce que c’est un peu comme un train. Un train qui va à toute vitesse. Qu’est-ce qu’on peut y faire? »
Seule une partie du visage de Lena* (nom fictif) est perceptible. Dans le soupir qu’elle lâche, une tristesse résignée. Nonobstant l’impuissance qui semble l’envahir, son regard perce l’écran malgré les quelque 6000 km qui nous séparent. Nous sommes prêts à aller en prison. Sauf que ça ne change rien, ajoute-t-elle.
Il y a quelques jours, elle a accepté, tout comme Oksana* et Youlia* (noms fictifs), de nous parler. Malgré cette loi qui lui pend au bout du nez. Celle qui promet aux citoyens russes et aux différents médias de lourdes peines si ces derniers propagent des informations mensongères sur l’armée russe.
À l’approche de la cinquantaine, Lena a vécu l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), puis sa chute. Elle a vu passer les efforts (en vain) de la perestroïka (réforme économique soviétique). Autres temps, autres mœurs, se remémore-t-elle. Alors que nous nous parlons en pleine Journée internationale des droits des femmes, elle s'interroge sur ce qu'il adviendra – encore – de son pays.
C’est une des seules choses que je puisse encore faire, parler, répond-elle, du tac au tac, sur la raison qui la pousse à parler de son point de vue en tant que Russe. Son autre avenue? Manifester contre la guerre. User à la corde sa voix pour la paix.
Et même si elle a été arrêtée et a passé une nuit derrière les barreaux, Lena continuera d'investir la rue.
« Je ne suis pas une personne importante, ici, en Russie, mais je me dis que ces petits efforts individuels peuvent peut-être changer, d’une certaine façon, l’issue de la tragédie qui survient en ce moment. »
Pour Oksana, c’est la retenue qui semble mener son discours. Cette nouvelle diplômée universitaire ne souhaite pas s’épancher sur le côté politique des tractations actuelles.
La vérité, on ne peut pas la savoir, dit-elle. C’est vraiment difficile de comprendre ce qui se passe actuellement.