Vaccins anti-COVID-19: Amnesty accuse les laboratoires de délaisser les pays pauvres
Le Journal de Montréal
LONDRES | L’ONG Amnesty International a accusé mercredi les groupes pharmaceutiques qui produisent les vaccins contre la COVID-19 d’alimenter une «crise des droits de la personne sans précédent», réclamant l’octroi de deux milliards de doses aux pays pauvres.
Dans un rapport intitulé Une double dose d’inégalité: les compagnies pharmaceutiques et la crise des vaccins contre la COVID-19, l’ONG affirme que la plupart d’entre elles ne donnent pas la priorité aux pays les plus pauvres.
Cette publication intervient alors qu’un sommet mondial sur les vaccins est prévu mercredi. Le président américain, Joe Biden, a promis d’annoncer des engagements supplémentaires pour la vaccination des pays les moins avancés.
«Vacciner le monde est notre seule voie pour sortir de cette crise. Il devrait être temps de saluer ces entreprises, qui ont créé ces vaccins si rapidement, comme des héros», a déclaré dans un communiqué la secrétaire générale d’Amnesty, Agnès Callamard. «Au lieu de ça, à leur grande honte et notre chagrin collectif, le blocage intentionnel du transfert de connaissances par Big Pharma et leurs manœuvres en faveur des États riches ont engendré une pénurie de vaccins tout à fait prévisible et tout à fait dévastatrice pour tant d’autres.»
L’ONG a passé en revue la politique d’AstraZeneca, de Pfizer, de BioNTech, de Moderna, de Johnson & Johnson et de Novavax – dont le vaccin n’est pas encore approuvé – en matière de droits de la personne, de fixation des prix, de propriété intellectuelle, de partage de connaissances et de technologie, d'allocation de doses et de transparence.
Elle a conclu qu’à «divers degrés, les six développeurs de vaccins n’ont pas respecté leurs responsabilités en matière de droits de la personne ».
Sur 5,76 milliards de doses administrées, seul 0,3% l’ont été dans des pays à «faibles» revenus, 79% allant dans des pays aux revenus «moyens supérieurs» et «élevés», souligne l’ONG.
Pfizer, BioNTech et Moderna prévoient de dégager au total 130 milliards de dollars de profits d’ici à fin 2022, selon Amnesty, pour qui «les bénéfices ne devraient jamais passer avant les vies».
Si la plupart des groupes ont reçu «des milliards de dollars de financements gouvernementaux, les développeurs de vaccins ont monopolisé la propriété intellectuelle, bloqué les transferts de technologie et limité de manière agressive les mesures qui permettraient d’étendre la fabrication dans le monde de ces vaccins», accuse Amnesty.