Sommet de Vilnius : de possibles fissures dans l’armure des alliés de l’OTAN
Radio-Canada
À la veille de l’ouverture du sommet de l’Alliance atlantique à Vilnius, en Lituanie, le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, ne veut laisser planer aucun doute. « Le message est clair : l'OTAN est unie », répète-t-il depuis déjà quelques jours.
Toutefois, au-delà de la démonstration d’unité et de solidarité envers l’Ukraine, force est d’admettre que plusieurs dossiers risquent de créer leur lot de divisions au sein des alliés, et le premier ministre canadien, Justin Trudeau, n’échappera pas aux critiques.
Avant de se rendre à Vilnius pour assister au sommet, Justin Trudeau fera un arrêt en Lettonie pour visiter les troupes canadiennes au camp d'Adazi. Le Canada y dirige le groupement tactique de l’OTAN et 700 militaires y sont déployés pour défendre le pays contre toute invasion russe.
En prenant la tête de cette brigade en juillet dernier, le gouvernement s’était engagé à accroître le contingent canadien sur place, ce qu’il n’arrive pas à concrétiser, déplore Justin Massie, professeur de sciences politiques à l'UQAM et codirecteur du Réseau d’analyse stratégique.
Le Canada n’a pas les troupes pour atteindre son objectif, qui est de doubler la taille du contingent […], parce qu’il manque 16 000 militaires dans les Forces armées canadiennes [FAC], note cet expert.
Mais il n’y a pas que la pénurie de personnel au sein des FAC qui cause problème, selon lui. Je reviens d’un voyage en Lettonie, où j’ai pu rencontrer des troupes canadiennes et lettones, et, ce qu’on me dit, c'est que les troupes canadiennes ont suffisamment de munitions pour se battre pendant une heure.
« Si on est incapables de se battre pendant plus d’une heure, ce n’est pas une grande garantie de sécurité que l’on offre aux Lettons. »
Sans minimiser les problèmes de recrutement et d’approvisionnement en matériel, le major général à la retraite Richard Blanchette rappelle que le Canada n’est pas seul là-bas et que neuf autres pays font partie du groupement tactique. Cependant, il presse lui aussi le gouvernement d’agir.
En relisant l’annonce de l’entente signée avec la Lettonie, je constate que notre gouvernement a été prudent de ne pas mettre de date d’exécution, mais il y a des limites à retarder la mise en place des ressources nécessaires, surtout que plusieurs autres pays attendent d’ajuster leurs contributions, explique le major général à la retraite.