Ruines, chicanes et rêve d’aquarium : les fascinants dessous de la terrasse Dufferin
Radio-Canada
À cheval sur le cap Diamant, devant le Château Frontenac, la terrasse Dufferin n’offre pas seulement une vue époustouflante sur Québec et ses environs. Ses planches cachent une histoire tout aussi fascinante. Saviez-vous qu’on a même failli y construire… un aquarium?
Creuser l’histoire de la terrasse Dufferin réserve bien des surprises. Parmi les plus étonnantes, il faut savoir que pendant longtemps, ce site si prisé des touristes et de la population est demeuré inaccessible au grand public.
Durant plus de deux siècles, le terrain est resté privé. Seuls le gouverneur, ses invités et quelques militaires pouvaient se régaler de la vue à couper le souffle qui fait courir les foules aujourd’hui.
L’accès au site a été restreint dès 1620, quand Samuel de Champlain, le fondateur de Québec, a décidé d’y construire un fort pour défendre la ville.
Le fort, transformé ensuite en château, est agrandi substantiellement par le gouverneur Frontenac, en 1692. Imbriqué aux fortifications, dont il est partie prenante, le château Saint-Louis servira de résidence aux gouverneurs français puis britanniques qui se succèderont jusqu’à ce qu’il soit rasé par un incendie, en 1834.
C’est à ce moment que le gouverneur général Durham entre en scène. Perplexe devant les ruines du château, il fait enfouir ce qu’il en reste sous plusieurs mètres de terre, sur lesquels il fait installer une terrasse publique, à la grande joie de la population. Pour la première fois, tout le monde peut enfin profiter d’un des plus beaux sites en ville.
Le geste mérite d’être salué quand on sait à quel point cet assimilateur convaincu s’est fait détester des Canadiens-Français, souligne l’historien Jean-François Caron.
« Durham a fait des saloperies et les Canadiens-Français ne lui ont jamais pardonné de les avoir traités de peuple sans culture, sans histoire et sans littérature. Mais redonner au public ce morceau de territoire, il faut le reconnaître, c’était un beau geste de sa part. »
La terrasse Durham, l’ancêtre de la terrasse Dufferin, est inaugurée en 1838. Construite sur terre battue, et délimitée par une simple balustrade de bois pour éviter que les curieux ne tombent en bas de la falaise, elle peut sembler modeste avec ses 50 mètres par 15. La terrasse actuelle est presque 10 fois plus longue! Ça ne l’empêche pas de remporter, dès ses débuts, un succès qui dépasse les frontières de la ville.