Quand est-il souhaitable de refinancer l’hypothèque afin de payer ses dettes?
TVA Nouvelles
Commis aux pièces dans une entreprise de plomberie, Normand, 58 ans, a tenté de se lancer en affaires il y a trois ans. Mais son projet d’entreprise n’a pas fonctionné et il a aussi accumulé des dettes de 54 000 $ sur ses cartes et sa marge de crédit.
Sa conjointe, Nicole, serveuse à temps partiel dans un restaurant, gagne environ 25 000 $ annuellement. Quant à Normand, il empoche 40 000 $ par année. Le couple possède également une maison d’une valeur estimée à 320 000 $ et sur laquelle il reste encore une hypothèque de 185 000 $ à payer.
Avec des revenus de 4100 $ net par mois et des dépenses qui leur laissent une marge de manœuvre de 800 $, on pourrait croire que le couple réussit à boucler son budget sans difficulté. Mais c’est sans compter le remboursement des dettes qui représente un montant mensuel de 1410 $, soit un manque à gagner de 650 $.
Résultat : ils comblent ce déficit en augmentant progressivement leur endettement. Pour en finir avec cette situation intenable, ils sont allés consulter des experts en insolvabilité.
Différentes pistes pourraient être explorées dans leur cas. Ils pourraient d’abord penser à regrouper leurs soldes de cartes de crédit et les rembourser par le biais d’un seul prêt de consolidation, et ce, tout en continuant à payer un montant sur leur marge de crédit afin de la réduire progressivement. Toutefois, compte tenu du ratio d’endettement élevé de Normand (67 %), un prêt de consolidation lui sera sûrement refusé. Le ratio habituellement toléré par les banques est au maximum de 40 %.
Autre option : le refinancement hypothécaire. En augmentant l’hypothèque de 185 000 $ à 239 000 $, Normand pourrait rembourser toutes ses dettes. Mais cette option présente deux inconvénients.
« Premièrement, puisque la maison est détenue en copropriété, l’institution financière exigera que Nicole intervienne dans le refinancement hypothécaire. Elle deviendra donc automatiquement responsable des dettes de Normand, ce qui n’est pas le cas en ce moment », explique Pierre Fortin, syndic autorisé en insolvabilité et président de Jean Fortin et Associés.
Deuxièmement, en refinançant l’hypothèque, la durée de celle-ci est rallongée de 15 ans supplémentaires. Or, à 58 ans, Normand prévoit qu’il lui reste environ huit ans avant la retraite.
« Rien n’empêche de payer son hypothèque plus rapidement, mais selon notre expérience, les gens ont tendance à se contenter de verser le minimum requis par mois. À l’âge de la retraite, le solde hypothécaire sera donc beaucoup plus élevé qu’il ne l’aurait été sans refinancement », ajoute Pierre Fortin.