Procès du 13 Novembre en France: le mystère du passeport belge du commanditaire des attentats
TVA Nouvelles
Comment Oussama Atar, commanditaire présumé des attentats du 13 novembre 2015 en France, avait-il pu bénéficier d'un passeport belge à son retour d'Irak où il avait été arrêté et emprisonné par les forces de la coalition? C'est une des questions, sans réponse, posée jeudi au procès des attentats de Paris et Saint-Denis.
«Pourquoi un passeport a-t-il été délivré à Oussama Atar en septembre 2013» alors que ce «vétéran du jihad» avait été inculpé par un juge belge pour participation à une organisation terroriste en 2012, a demandé Gérard Chemla, un avocat des parties civiles, à l'enquêteur belge qui témoignait jeudi en visioconférence depuis Bruxelles.
Pour répondre, l'enquêteur est gêné. «Je n'appartiens pas au ministère des Affaires étrangères. Ce n'est pas moi qui délivre les passeports», se défend-il.
L'avocat général du parquet national antiterroriste est plus direct. «Certains disent que la police (belge) aurait voulu recruter Oussama Atar comme source d'information, comme informateur», dit-il.
L'enquêteur anonymisé sous le nom de code 447 761 902 affirme: «Je n'ai aucune information dans ce sens-là». L'unité antiterroriste de police judiciaire fédérale belge «a fait son travail», se défend le policier qui renvoie vers la Sûreté de l'État, l'unique service civil de renseignement et de sécurité du royaume belge.
Pour Gérard Chemla, interrogé hors de la salle d'audience, les services de renseignement belges souhaitaient bien utiliser Atar comme «une source» au sein de l'EI.
Sauf que cela ne s'est pas passé comme ça. «Oussama Atar les a manipulés de façon évidente. Il organisait en Belgique son réseau local (...) et dès que ça a été prêt il est parti en Syrie d'où il a planifié les attentats», soutient l'avocat.
Avec son passeport tout neuf, Oussama Atar ira en Tunisie en novembre 2013 où il sera interpellé et renvoyé en Belgique avant de se rendre le mois suivant en Syrie, via la Turquie, où il deviendra l'«émir» en charge des «opérations extérieures» de l'organisation État islamique (EI).
La veille de son départ en Syrie, Oussama Atar rendra visite en prison à son cousin Ibrahim Bakraoui, un petit délinquant qui deviendra le logisticien en chef, avec son frère Khalid, de la cellule chargée de préparer les attentats dits du 13-Novembre, qui ont fait 130 morts.