Ottawa connaissait depuis des mois les dangers qui guettaient les interprètes afghans
Radio-Canada
Selon des documents obtenus par l’émission The Fifth Estate de la CBC, plusieurs ministres du Cabinet Trudeau étaient au courant depuis des mois de la détérioration du climat politique en Afghanistan et des risques auxquels faisaient face les anciens collaborateurs des Forces armées canadiennes.
Le gouvernement canadien s’est toujours défendu d’avoir été pris au dépourvu par la prise de contrôle foudroyante du pays par les talibans en expliquant que personne ne pouvait savoir que la situation politique se détériorerait aussi rapidement dans le pays.
Or, les journalistes de The Fifth Estate ont obtenu plus de 200 pages de documents et 45 courriels envoyés aux ministres canadiens et à leur personnel faisant état de l’avancée rapide des talibans et des risques pour les anciens collaborateurs du Canada et le personnel de mission. Ces informations leur ont été transmises bien avant l’annonce du retrait des forces américaines.
Rappelons que le 15 août dernier, le président afghan en fuite, Ashraf Ghani, avait déclaré la victoire des talibans après la prise du palais présidentiel et de la capitale, Kaboul. Deux semaines plus tard, les forces américaines quittaient officiellement le pays après 20 ans d’occupation militaire.
Des dizaines de milliers d’Afghans paniqués avaient alors convergé vers l’aéroport de Kaboul, toujours contrôlé par les forces étrangères, ou franchi les frontières terrestres à leurs risques et périls, pour tenter d’échapper aux talibans. Ces derniers avaient juré vengeance à tous ceux qui avaient collaboré avec les Occidentaux.
Dans les courriels cités par CBC, le gouvernement canadien a été incité à de nombreuses reprises, dès février 2020, à évacuer les interprètes et le personnel de mission qui ont travaillé avec les Forces armées canadiennes pendant les 13 années où elles ont été présentes en Afghanistan (2001 à 2014).
Il est important de préciser que le Canada n'a jamais pris d'engagements écrits de rapatrier son personnel de mission en cas de reprise du pays par les talibans. Toutefois, beaucoup d’anciens combattants canadiens s’attendaient à ce que ceux qui avaient risqué leur vie pour les aider en Afghanistan soient pris en charge et protégés par Ottawa.