Nikolaï Vokuev : faire le deuil de son pays d’origine
Radio-Canada
Nikolaï Vokuev, un étudiant russe de l'UQTR, attend sa femme et ses deux enfants, pris à Syktyvkar, dans la république des Komis, en Russie. Arrivé l'été dernier à Trois-Rivières pour rédiger sa thèse doctorale, l'homme d'origine russe était loin de se douter qu'une guerre serait déclenchée et allait retarder l'arrivée de sa famille au Canada.
Depuis le 15 janvier, il est interdit aux personnes non vaccinées d'entrer au Canada. Comme la femme de Nikolaï Vokuev a reçu le vaccin Spoutnik en Russie, mais qu'il n'est pas reconnu par le Canada, elle doit se faire vacciner dans un autre pays.
Lorsqu'elle aura quitté la Russie puis reçu son nouveau vaccin, l'homme de 35 ans espère que sa conjointe et ses deux enfants pourront prendre un vol vers le Québec, parce qu'il craint pour leur sécurité, d'autant plus que sa femme est journaliste.
« Je pense qu’elle est en danger maintenant. Les possibilités de quitter le pays se rétrécissent. On dit beaucoup ces derniers jours que les pouvoirs russes peuvent imposer la loi martiale. Et cela peut signifier aussi l’interdiction de quitter le pays. »
En octobre dernier, la femme de Nikolaï Vokuev s'est vue ajoutée à la liste des ''agents étrangers'', perçus par le régime de Vladimir Poutine comme des ennemis potentiels. Les individus, médias et les ONG que l'on retrouve dans la liste sont contraints de déclarer tous revenus et dépenses et d'indiquer leur statut ''agent étranger'' dans leurs publications sur les réseaux sociaux, notamment.
Des contraintes qui ne permettent pas de vivre normalement, selon Nikolaï Vokuev, et qui lui laisse croire que sa femme est actuellement en danger en Russie. Il est toujours en contact avec elle, par des applications qui ne sont pas encore bloquées par la Russie.
Selon l'étudiant au doctorat à l'UQTR, la guerre en Ukraine est une catastrophe et le président russe Vladimir Poutine est en train de dévaloriser la langue et la culture russe. Il espère que cette guerre marquera la fin de sa présidence.
Les Russes ne sont pas cruels, même ceux qui supportent Poutine. Il faut comprendre qu’ils vivent dans une réalité parallèle. Il faut comprendre que nombreux sont ceux qui sont contre cette guerre, qui sont choqués par ce qui se passe. Je ne veux pas comparer les souffrances des Ukrainiens à celles des Russes, on ne peut pas les comparer. Mais je voulais dire quand même, il ne faut pas démoniser les Russes, tient à rappeler Nikolaï Vokuev.
Nikolaï Vokuev espère que la guerre se terminera bientôt et qu'il pourra retrouver sa femme et ses enfants, sains et saufs. Son choix est fait : il s'établira au Canada, pas question de retourner en Russie pour un bon moment. La fierté nationale russe, il ne la ressent plus.