Les tempêtes plus fréquentes à l’origine d’une zone froide dans l’Atlantique Nord
Radio-Canada
Des changements dans la configuration des vents et l’augmentation du nombre de tempêtes contribueraient au refroidissement d’une région subpolaire de l'Atlantique Nord, qui inclut notamment le nord du Québec et une partie du Groenland.
Si le changement climatique réchauffe une grande partie de la planète, les données recueillies dans cette région subpolaire entre 1900 et 2017 montrent plutôt un refroidissement des températures.
La chercheuse Laifang Li et ses collègues de l’Université d’État de Pennsylvanie pensent avoir trouvé la cause du phénomène. Selon eux, un déplacement vers le nord du courant-jet a contribué à ce refroidissement au cours du siècle dernier.
Le courant-jet est un corridor de vents très forts en haute atmosphère et qui se développe à partir des contrastes de températures entre les régions polaires et tropicales. Il est intimement lié aux tempêtes et aux fortes variations de température.
À l'aide de simulations informatiques, ces chercheurs affiliés à l’institut de la science des données de l’université américaine ont établi que 54 % de cette tendance au refroidissement résulte d'une perte de chaleur accrue de l'océan induite par l'atmosphère sus-jacente.
Le renforcement de la convection locale, par laquelle le mélange océanique amène l'eau froide des profondeurs vers la surface, expliquerait 38 % de ce coup de froid régional.
L’équipe américaine estime ainsi que la fréquente des tempêtes a augmenté dans la région parce que le courant-jet s'est déplacé vers le nord. Par conséquent, les tempêtes sont plus fréquentes et plus intenses dans cette région. L'augmentation des tempêtes entraîne une perte de chaleur plus importante de l'océan et induit une convection plus forte en hiver, ce qui entraîne des températures plus fraîches dans la région, notent les chercheurs dans un communiqué publié par l’université.
Jusque-là, certaines études laissaient à penser que la naissance de cette zone plus froide était la preuve d'un ralentissement de la circulation océanique profonde, un vaste système de courants océaniques qui transportent l'eau chaude des tropiques vers le nord, dans l'Atlantique Nord.
Certains scientifiques supposent qu'une grave perturbation ou, pire, un arrêt de la circulation océanique profonde aurait des conséquences dévastatrices pour de nombreuses régions du monde, notamment en créant des conditions proches de l'ère de glace en Europe et en Amérique du Nord, explique Laifang Li.