Les psychologues dans le réseau: un luxe pour le ministre Carmant?
TVA Nouvelles
Il y a plus de 3 ans, des psychologues préoccupés par les difficultés d’accès aux services en santé mentale ont eu une première rencontre avec le cabinet du ministre Carmant. Les problèmes criants d’accès aux psychologues dans le réseau public et leurs répercussions sur la population ont été exposés. Dès lors, l’importance de créer un syndicat dédié aux psychologues a été expliquée.
Tout en travaillant à temps plein dans des hôpitaux, des centres de réadaptation et à la DPJ, nous avons enfilé les rencontres avec le cabinet du ministre Carmant, les courriels, la production de multiples mémoires et de sondages. Nous avons aussi créé un organisme sans but lucratif : la Coalition des psychologues du réseau public québécois (CPRPQ). Nous avons fait des calculs pour démontrer que le Québec sauverait 383,6 millions annuellement en améliorant l’accès aux psychologues.
Nous avons accompli ce travail bénévolement puisque cette cause est trop importante et nous continuerons à le faire. Nous savons que si l’accès aux services spécialisés en santé mentale n’est pas amélioré, cela aura un impact sur le bien-être de tous en augmentant entre autres les problèmes de santé mentale et la violence. Nous voyons la souffrance grandissante de la population et les chiffres parlent d’eux-mêmes : augmentation de 23 % des tentatives de suicide chez les adolescentes, de 60 % des hospitalisation pour les troubles alimentaires et de 28 % de la consommation d’antidépresseurs chez les jeunes de 14 ans et moins. Et tout cela, en seulement 2 ans. Sans parler de l’augmentation des actes de violence.
Malgré toutes ces informations alarmantes et le fait que le MSSS estime qu’il manquera plus de 40 % des psychologues dans le réseau de la santé d’ici 2 ans, le ministre Carmant a décidé de fermer la porte aux solutions suggérées par les psychologues sur le terrain.
En effet, le 2 juin dernier, le ministre Carmant a affirmé publiquement que la solution principale identifiée par les psychologues, soit la formation d’un syndicat de psychologues, n’était pas sur la table.
Vous comprendrez que les psychologues s’expliquent mal cette fermeture. Ils sont épuisés de se battre pour que leur profession soit mieux reconnue, tout en recevant de plus en plus de demandes d’une complexité grandissante en raison des délais d’attente croissants. Ils sont affectés par les nombreux départs de leurs collègues vers le privé.
Les psychologues du réseau se demandent à quel moment ils devront eux aussi quitter ce navire qui coule afin de s’assurer de rejoindre la rive. Ils sont coincés entre leur désir d’aider les plus vulnérables, comme les enfants qui ont vécu des abus et sont sous les soins de la DPJ, et leur propre bien-être. Plusieurs sautent à l’eau par dépit, pour se préserver... On peut les comprendre.
Lorsque j’interviens auprès de parents dont l’enfant est malade, je leur suggère de mettre leur masque d’oxygène en premier. Il ne ferait aucun sens de dire le contraire aux psychologues, même si je veux de tout cœur qu’ils restent dans le réseau.
C’est maintenant au tour du ministre Carmant de faire sa part. Les psychologues ont été patients. Il devient de plus en plus difficile pour eux d'aider des gens en détresse, tout en se battant pour expliquer la pertinence de leur profession dans le réseau.