Les nouvelles règles de la SAQ laissent un goût amer aux importateurs d’alcool privés
Radio-Canada
Les agents et entreprises spécialisés dans la vente de boissons alcooliques que la Société des alcools du Québec (SAQ) ne commercialise pas dans son réseau de distribution ont vu rouge, à la mi-mars, quand la société d’État a soudainement changé la réglementation à leur sujet.
Dans un document confidentiel dont Radio-Canada a obtenu copie, on apprend que la SAQ, seul intermédiaire possible pour les importateurs privés, leur a imposé en mars un nouveau mode de calcul pour encadrer la gestion des stocks.
Les nouveaux règlements favorisent la rotation des produits à une période où le centre de distribution d’importations privées, où on peut entreposer 225 000 caisses, est plein. En somme, la SAQ incite désormais les importateurs à écouler leurs stocks avant de commander d’autres produits.
Certains dénoncent le manque de préavis qui compromet leur chiffre d’affaires et leurs relations commerciales, a fortiori à une période où se préparent déjà les salons d’automne et les achats de Noël.
Établie sur les ventes de la dernière année, la nouvelle capacité d’achat prend en compte le nombre de caisses commandées, celles en entrepôt et la capacité de l’importateur à vendre ses produits rapidement.
Denis Marcil, propriétaire de l’Agence du Château, évoque une réglementation massue qui pénalise les importateurs qui, comme lui, ont réduit leurs ventes pendant la pandémie à un moment où la SAQ peinait à répondre à la demande et à effectuer les livraisons promises.
Ils ont sorti un nouveau calcul qui fait que nous, ayant respecté leur capacité de stockage très très limitée, on a réduit nos ventes pour aider la SAQ, et là, [...] on ne peut plus commander parce que nos ventes ont été trop basses, se désole l’entrepreneur. Selon le nouveau mode de calcul, Denis Marcil doit vendre 54 caisses de six bouteilles avant de passer une nouvelle commande.
De petites agences d’importation ont confié à Radio-Canada leurs doutes quant à la croissance de leur entreprise si elles ne peuvent pas commander plus de vin que ce que la SAQ leur impose en fonction des possibilités commerciales.
En outre, de nouveaux frais font leur apparition pour éviter que les bouteilles ne restent entreposées trop longtemps. Par exemple, il en coûtera désormais 2 $ par caisse pour les produits toujours en réserve après quatre mois, alors que des frais ne s'appliquaient qu'au cinquième mois d'entreposage.