Le pétrole canadien ne sauvera personne
TVA Nouvelles
Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par le dictateur du Kremlin, beaucoup d’incertitude règne quant à l’approvisionnement européen en pétrole et en gaz russes. Certains commentateurs ont donc hâtivement conclu que l’envoi massif d’hydrocarbures canadiens pourrait représenter une solution.
Le Bloc Québécois est bien sûr d’avis que l’offre d’hydrocarbures canadiens peut, bien modestement, contribuer à stabiliser les approvisionnements à court terme.
Dans son plan pour offrir une aide à l’Europe, le ministre Wilkinson parle d’une augmentation de 200 000 barils de pétrole et de 100 000 barils de gaz, ce qui représente moins de 10 % du pétrole et moins de 5 % du gaz en provenance de Russie.
Ceci doit se faire à partir des installations déjà existantes.
Toutefois, bien que séduisante, l’idée que l’on doive autoriser la construction de nouvelles infrastructures, faire de nouveaux forages ou augmenter autrement l’extraction d’hydrocarbures canadiens en vue de soutenir l’Ukraine et ses alliés relève de l’illusion ou du prétexte.
S’il est vrai que la Russie est un grand exportateur de pétrole, on sait aussi que les pays de l’OPEP peuvent facilement s’y substituer si elle diminue sa production et ses exportations.
C’est d’autant plus vrai que la Russie a régulièrement coordonné sa production avec l’OPEP et qu’elle fait partie de ce qu’on appelle l’OPEP+.
L’industrie pétrolière canadienne n’a pas cette flexibilité.
Les sables bitumineux se trouvent enclavés dans les Prairies et l’Alberta n’a pas de réel accès à la mer. Nos quelques oléoducs débouchent sur l’océan Pacifique et les États-Unis, à mille lieues de l’Europe. Il n’y a donc rien de surprenant à ce qu’aucun pays européen n’ait demandé au Canada d’augmenter sa production de pétrole à la suite de l’invasion de l’Ukraine.