La résilience de Benjamin
Radio-Canada
« Le matin, je me lève juste pour faire du sport. Le soir, je me couche en pensant à du sport. » Ces phrases peuvent être le mojo de n’importe quel élève-athlète qui puise sa motivation dans le sport pour poursuivre ses études. Mais venant de la bouche de Benjamin Marchand, ces mots prennent le sens de la résilience. Ils deviennent même une question de survie.
Au cœur de l’été 2021, pendant que sa saison de golf atteignait sa vitesse de croisière, l’adolescent a ressenti une douleur à une jambe, pensant d’emblée à une blessure sportive. C’est qu’en plus d’être golfeur depuis une bonne dizaine d’années, Benjamin Marchand est un joueur de football à l’Académie les Estacades. Un quart-arrière qui lance des ballons sur des distances de 45 à 50 verges.
Au début, les spécialistes croyaient que c’était une micro-déchirure ou un claquage, se souvient-il. Mais avec le temps, ça a été plus difficile de courir, de marcher. J'avais beaucoup de lourdeur dans la jambe droite. C’est par la suite qu’on a fait plus de recherches. J’ai passé un IRM au mois d’août à Montréal pour savoir ce que j’avais.
Vingt-quatre heures plus tard, la cause de la douleur est connue : tumeur bénigne à la moelle épinière. Pas le temps d’encaisser le choc du verdict; une intervention chirurgicale est planifiée une semaine plus tard, le 2 septembre. Dix heures sur la table d’opération pour extraire le schwannome et pour remplacer sept facettes articulaires, qui ont dû être retirées pour atteindre la tumeur, par des implants en titane.
On n’a pas eu le temps de penser à ce qui va se passer, à ce qu'on va faire, se rappelle le père de Benjamin, Maxime Marchand.
« On a tout mis ça en branle et on a suivi Benjamin, qui a gardé un moral de béton, un moral d’acier. »
Cette attitude a été mise à rude épreuve dans les semaines suivantes. Pendant que ses amis retournaient sur le terrain de football pour commencer la saison, Benjamin Marchand a dû réapprendre à marcher sur des barres parallèles, au cours d’une convalescence de 20 jours à Montréal, loin de ses proches, à l’exception de son père; sa mère Véronique Rousseau s’occupant de la rentrée scolaire de son frère cadet, Timothé.
Pas de visiteur, pandémie oblige, mais c’est aussi par choix que la famille s’est enveloppée dans une bulle de protection. Nous ne pouvions pas avoir 20 personnes qui pleuraient dans la chambre d’hôpital et absorber ensuite la charge émotive à deux, illustre Maxime Marchand. Il fallait regarder en avant.
Regarder devant pour affronter un adversaire inconnu sans s’apitoyer sur son sort : voilà le seul objectif qui a animé la famille Marchand en septembre 2021, et qui l’anime toujours aujourd’hui.