La « COVID longue » contribue-t-elle à la pénurie de main-d’œuvre?
Radio-Canada
Des millions de personnes souffrant du syndrome post-COVID-19, communément appelé « COVID longue », pourraient être en partie la cause de la pénurie de main-d'œuvre, croient certains économistes britanniques et américains.
Le comité monétaire de la Banque d'Angleterre a été l'une des premières institutions économiques à soulever la question. Dans un discours le 9 mai (Nouvelle fenêtre), l’économiste et membre du comité, Michael Saunders, a déclaré que cette forme chronique de la maladie serait l'un des principaux facteurs expliquant la pénurie de main-d'œuvre au Royaume-Uni.
On soupçonne que des millions de travailleurs ont été forcés de prendre des congés prolongés ou de quitter leur emploi en raison de symptômes qui persistent pendant plusieurs mois après leur infection à la COVID-19.
M. Saunders a indiqué que d’autres facteurs, comme les impacts du Brexit et des fermetures pendant les différentes vagues, compliquent aussi la situation. Toutefois, les analystes ont été surpris par l'ampleur et la persistance de pénurie de main-d'œuvre, a-t-il dit.
Il rappelle qu’entre 10 et 20 % des personnes infectées par la COVID-19 ressentent des symptômes pendant au moins trois mois. Avec, au bas mot, 22,5 millions d’infections dans ce pays, M. Saunders estime que des milliers, voire des millions de personnes malades sont en arrêt de travail.
Les données les plus récentes du Royaume-Uni montrent d’ailleurs une baisse marquée du taux de participation chez les personnes de 50 à 64 ans, la plupart à cause de maladies chroniques. Les données montrent aussi un nombre très élevé de femmes qui ne travaillaient pas en raison de maladies chroniques. Il faut rappeler que les trois quarts des personnes atteintes de la COVID longue sont des femmes.
Ce signal de la Banque d’Angleterre n’est pas passé inaperçu. David Cutler, un professeur d’économie de l’Université Harvard, a lui aussi soulevé cette question dans un éditorial du Journal of the American Medical Association (Nouvelle fenêtre) en mai.
Le nombre élevé de personnes qui ne peuvent pas travailler en raison de symptômes persistants de la COVID-19 a sans contredit un impact direct sur l’économie, le marché du travail et le taux d'inflation, écrit-il.
L'attention relativement faible qui a été accordée à la "COVID longue" est regrettable, car ses conséquences sanitaires et économiques sont susceptibles d'être tout aussi importantes que celles dues à la maladie aiguë, écrit M. Cutler.