L'un des financiers du Brexit perd son action en diffamation contre une journaliste
TVA Nouvelles
L'homme d'affaires britannique Arron Banks, l'un des principaux financiers de la campagne du Brexit, a perdu lundi une action en diffamation contre la journaliste d'investigations Carol Cadwalladr sur ses liens supposés avec la Russie, après un procès jugé crucial pour la liberté d'expression.
La journaliste, qui collabore notamment avec le journal de gauche The Guardian et son édition dominicale The Observer, avait accusé le fondateur du mouvement Leave. EU, au rôle déterminant dans le référendum sur la sortie de l'Union européenne, d'avoir menti sur ses liens avec l'État russe, dans un tweet et lors d'une conférence sur internet TED Talk.
Dans son jugement rendu lundi, la juge Karen Steyn conclut que bien que Mme Cadwalladr n'avait pas de «preuve» de ses affirmations, ses investigations lui donnaient des «fondements raisonnables» pour les porter.
Elle estime que les déclarations en cause étaient «dans l'intérêt public» et n'ont pas causé de «préjudice sérieux» au plaignant.
Sur Twitter, M. Banks a annoncé qu'il ferait «probablement appel»: «diffamatoire, mais pas de préjudice sérieux. Je suppose qu'accuser à tort quelqu'un de prendre de l'argent russe pour le Brexit ne suffit pas.»
Carole Cadwalladr, dont les investigations ont notamment révélé le rôle de la société Cambridge Analytica dans les campagnes ayant abouti à l'élection du président américain Donald Trump et au vote du Brexit, s'est dite «soulagée».
«Les trois dernières années ont été extraordinairement difficiles. Cette bataille a été une expérience écrasante, invalidante et dévorante que j'espère sincèrement qu'aucun autre journaliste n'aura jamais à vivre», a-t-elle ajouté sur Twitter.
Cette procédure était considérée comme symbolique des procès en diffamation intentés dans les tribunaux anglais par entreprises et fortunés pour faire taire les critiques. Ils contraignent les personnes poursuivies à de longs et très coûteux combats légaux, difficiles à soutenir même quand la justice finit par leur donner raison.
Mme Cadwalladr avait lancé des appels de fonds en ligne pour sa défense, parvenant à lever plusieurs centaines de milliers de livres pour une procédure au coût estimé à jusqu'à un million de livres (plus de 1,15 million d'euros).