Guerre intestine à Kaboul
Radio-Canada
Une étrange rumeur a circulé au cours de la semaine du 6 septembre. Celle de la mort alléguée, lors de violences internes entre factions au pouvoir à Kaboul, du numéro deux, le vice-premier ministre Abdel Ghani Baradar. Une histoire qui a ensuite été démentie de façon plus ou moins convaincante.
À peine arrivés au pouvoir, les talibans seraient en pleine guerre intestine. Un haut dirigeant a disparu; on spécule sur sa mort. La BBC rapporte des histoires de coups de feu au palais présidentiel et des rivalités violentes entre factions.
Des enregistrements vidéo ou audio à l’authenticité douteuse circulent pour démentir la disparition ou la mise à l’écart d'Abdel Ghani Baradar. Le premier intéressé nie ensuite, dans un enregistrement audio, qu'il a été tué, parlant de fausse propagande. La véracité de cet enregistrement n’a pas été confirmée.
Au-delà de ses détails imprécis, et sans connaître le sort exact du mollah Baradar, le cadre général de cette histoire est éminemment plausible et instructif sur le nouveau régime qui se met en place à Kaboul, encore loin d’être stabilisé.
Les talibans sont des spécialistes en dissimulation. Par exemple, à la mort de leur leader historique, le mollah Omar qui avait régné de 1996 à 2001 avant de disparaître dans les montagnes du Waziristan (zone frontalière afghano-pakistanaise), les talibans ont fait semblant, après sa mort, qu’il était toujours en vie! Ils ont émis des communiqués et des décrets en son nom et sous sa fausse signature avant d’admettre rétrospectivement, en 2015, qu’il était mort en 2013.
Ils sont également réputés pour conserver la gâchette facile même après avoir gagné leur guerre et investi le palais présidentiel.
Les luttes internes, parfois violentes, entre factions djihadistes sont bien connues. Y compris en Afghanistan et même parmi les talibans eux-mêmes. Ce sont des combattants plus habiles à se battre, armes et Coran à la main, qu’à diriger un gouvernement. Les héros de l’opposition, qu’ils soient démocrates ou violents, s’avèrent souvent des incompétents au pouvoir.