Faut-il démolir l’aéroport Montréal-Trudeau?
Le Journal de Montréal
Les files d’attente qui irritent tant les voyageurs à l’aéroport Montréal-Trudeau ne feront qu’empirer au cours des prochaines années, ce qui soulève une question de plus en plus pressante : le temps est-il (re)venu de penser à l’après-Dorval ?
Depuis la reprise marquée des déplacements en avion, la congestion est intense aux abords de l’aéroport, surtout les week-ends. Et on n’a encore rien vu, puisqu'un chantier majeur s’en vient pour la réfection du débarcadère, qui ne fournit plus à la demande depuis longtemps.
« Les gens se plaignent maintenant, mais on n’a même pas encore commencé à subir les conséquences de ces travaux-là. Non, ça va être terrible », lance Jacques Roy, professeur à HEC Montréal et spécialiste des transports.
Depuis le mois d’avril, le trafic de passagers a dépassé son niveau d’avant la pandémie à Montréal-Trudeau. Il s’agit d’une bonne nouvelle en soi pour l’administration aéroportuaire, mais elle ramène un vieil enjeu : y aura-t-il assez de place à Dorval pour desservir les voyageurs québécois au cours des prochaines décennies ?
Dans son nouveau livre, La saga des aéroports de Mirabel et Dorval, M. Roy calcule que Montréal-Trudeau pourrait atteindre sa capacité maximale, pour ce qui est du nombre de décollages et d’atterrissages, dès 2050, voire 2043. C’est beaucoup plus tôt que la prévision de 2068 faite par Aéroports de Montréal (ADM) en 2018 !
« Cette capacité équivaut à un nombre de passagers oscillant autour de 40 millions par année, soit le double de ce qui a été accueilli en 2019 », écrit l’expert dans son livre.
Et pour desservir autant de gens, ADM devra dépenser des milliards de dollars. Plus tôt cette année, l’organisation prévoyait des investissements de 3,3 milliards $ pour l’amélioration du débarcadère, des stationnements et des accès.
Le total atteindra plus de 6 milliards $ en incluant la construction d’une nouvelle aérogare au milieu des pistes. Celle-ci sera nécessaire pour faire face à la hausse du nombre de voyageurs.
« Pour ADM, il y a un mur de capacité et un mur financier aussi », résume froidement Jacques Roy.
Alors qu’il manque encore 16 000 travailleurs sur le plancher dans nos magasins et que cela pèse lourd sur les épaules de 47% des employés, selon un nouveau sondage de Léger obtenu par Le Journal, les détaillants craignent le pire si on vient les priver en plus de leurs travailleurs étrangers temporaires (TET).
Le port de Montréal enclenche son premier jour de lock-out lundi dans le conflit de travail qui oppose l’Association des employeurs maritimes (AEM) et le Syndicat des débardeurs du port de Montréal. Un arrêt de travail qui aura des conséquences économiques «immédiates» et majeures si le conflit se prolonge.