D’autres imaginaires à guérir
Radio-Canada
Admettre les torts d’un passé dont l’imaginaire nous habite et s’engager à rebâtir les relations malmenées par un passé douloureux sont des gestes de grandeur. C’est ce que j’ai vu dans les excuses que le pape François a présentées à des délégués autochtones canadiens au début de ce mois.
Un de mes garçons me l’a fait sentir fortement en partageant avec moi un contenu du cours d’études sociales qu’il est en train de suivre.
Le jeune adolescent m’a spontanément demandé si mes enseignants m’ont parlé des atrocités et des dénégations culturelles commises en République démocratique du Congo par les colons belges.
Ma réponse : J’ai eu droit à deux versions de ce passé dont j’ai hérité. L’une vantait la colonisation jusqu’à légitimer son recours à la violence. L’autre critiquait l'oppression coloniale, louangeant les luttes pour s’en libérer.
Puis, j'ai souligné : Mon fils, tu sais, la vérité pourrait se trouver entre les deux, mais dans tous les cas, celui qui raconte l’histoire a tendance à s'octroyer un beau rôle.
Ce que j’ai appris m’a, en tout cas, fait de la peine, a ajouté mon fils.
Pour moi, ce commentaire était un signe que mon enfant partageait quelque chose des aspects difficiles de l’imaginaire dont j’ai moi-même hérité de mes parents.
Le développement des médias et la vulgarisation des témoignages de l’histoire alimentent d’ailleurs cet imaginaire. On ne peut plus cacher les images ou les vidéos des colonisés astreints au travail forcé, fouettés ou mutilés sous les ordres et le regard de leurs maîtres.
C'est comme ça que ça se passait?, a demandé mon fils, avant de faire écho aux traitements pour lesquels les Autochtones du Canada réclament des excuses au gouvernement du Canada et aux Églises.