Découverte d’un pendentif gravé par l’humain il y a 41 500 ans
Radio-Canada
Vieux de 41 500 ans et découvert en Pologne, ce pendentif, gravé de ponctuations par une main humaine, est le plus ancien de l'histoire et le seul précisément daté grâce à une technique de pointe, révèle une étude publiée jeudi.
Fabriqué dans l'ivoire d'une corne de mammouth et bruni par le temps, l'objet de 4,5 cm de haut tient dans la main. Il porte encore le petit trou et une partie du deuxième par lesquels passait un lien pour que la personne puisse le porter autour du cou. Et, surtout, on y trouve une succession d'au moins 50 ponctuations, des incisions minuscules pratiquées en courbes harmonieuses, dont le sens exact échappe aux paléontologues.
L'objet, constitué de deux fragments, a été découvert dans la grotte de Stajnia, un abri naturel dominant une vallée dans le sud de la Pologne. L'endroit a déjà fait la une des revues de paléontologie, avec la découverte de molaires de néandertaliens datant d'il y a plus de 40 000 ans.
L'époque était alors riche en production d'objets de parure, considérés comme des manifestations d'un comportement symbolique; particulièrement sous la main d'Homo sapiens, fraîchement arrivé sur le continent eurasiatique depuis l'Afrique, mais aussi sous celle des néandertaliens, ces cousins de l'humain moderne qui sont disparus peu de temps après.
La découverte du pendentif, qui remonte à 2010, place celui-ci en compagnie d'une poignée d'objets ponctués, découverts en France et dans le Jura souabe allemand, mais aussi en Russie et jusqu'au-delà du cercle arctique.
Étant donné que leur datation s'étale de 30 000 à 40 000 ans environ à l'époque de l'aurignacien, elle donne lieu à des discussions chaudement débattues quant à savoir si cet art a pris naissance à un endroit précis, et si oui, à quel endroit, comme le souligne l'étude parue dans Scientific Reports.
Certains prétendent que le Jura souabe, avec notamment une statuette anthropomorphe ponctuée, est le centre où cette technique est née et s'est ensuite répandue en Europe, a dit à l'Agence France-Presse la professeure Sarah Talamo, directrice du laboratoire de datation carbone à l'Université de Bologne et principale auteure de l'étude.
Mais, a-t-elle ajouté, on n'en sait rien, car on ne connaît pas les dates exactes de ces objets, dont la datation a été obtenue indirectement par l'étude de l'environnement où ils ont été découverts. Autrement dit, sans techniques de pointe.
En revanche, la scientifique a pu, en collaboration avec une équipe de l'Institut Max Planck pour l'évolution anthropologique, déterminer précisément l'âge du pendentif de Stajnia, grâce à la spectrométrie de masse par accélérateur. Cette technique de pointe exige de 200 à 1000 fois moins de matière que la datation carbone classique. En l'occurrence, il a suffi de prélever un échantillon de seulement un demi-gramme du précieux pendentif pour en déterminer l'âge.