Briser les préjugés sur les thérapies psychédéliques pour la santé mentale
Radio-Canada
Les substances psychédéliques ont récemment été autorisées pour le traitement d’urgence de certains patients. Si l'accès est encore restreint, c’est un pas dans la bonne direction qui permet de démystifier ces traitements, selon l’ancien militaire Bruno Guévremont qui a fait l’expérience d’une thérapie assistée à la kétamine.
Le résident de Victoria est très fier de ses 15 ans de carrière dans les forces armées à neutraliser des explosifs. C’est pourtant une période de la vie de Bruno Guèvremont qui a laissé des marques. Quand j’ai reçu le diagnostic du syndrome post-traumatique, c'est là que la deuxième partie de ma vie a commencé. J'ai dû trouver des façons de guérir, de pouvoir réintégrer la société civile, confie-t-il.
Lorsque son thérapeute a évoqué l'idée de l'utilisation de substances hallucinogènes, il était craintif. Je ne vais pas commencer à faire des drogues illicites pour guérir. Ça n'a pas de sens. Les drogues, ça détruit des vies, s'est-il dit à l’époque.
Il a alors tenté de nombreuses méthodes - des thérapies traditionnelles au bain de forêt en passant par la thérapie équestre -, mais la guérison complète lui échappait.
Après une recherche approfondie, il a décidé de tenter l’expérience avec les substances psychédéliques et de participer à un essai clinique avec la psilocybine, l’ingrédient actif des champignons hallucinogènes. Puis, en 2021, il a fait partie d’une poignée de vétérans participant à une thérapie assistée à la kétamine dans un centre de soins à Toronto.
Après six séances, les résultats étaient frappants. J'avais guéri 40 ans de traumatismes, raconte-t-il.
La kétamine est la seule drogue allucinogenepsychédélique qui ne nécessite pas de dérogation spéciale du gouvernement fédéral. Ce n’est pourtant pas le seul hallucinogène à intéresser la recherche sur la santé mentale.
En 2021, Santé Canada a également autorisé huit essais cliniques avec la MDMA, le composant psychédélique de la drogue connue sous le nom d'ecstasy. Sept de ces essais sont dirigés pour la recherche sur le syndrome de stress post-traumatique.
La MDMA permet de revisiter les traumas et de se désensibiliser par rapport à ça, explique Jean-Sébastien Fallu, professeur à l'École de psychoéducation de l'Université de Montréal. Les résultats sont très convaincants.