13 novembre 2015 : « Une scène de guerre » sur les terrasses à Paris
Radio-Canada
Quelque 120 cartouches tirées en deux minutes trente, 13 morts : « Ce n'était pas une scène de crime, c'était une scène de guerre ». Au procès des attentats du 13 novembre en France, un enquêteur ému a raconté jeudi son arrivée sur les terrasses parisiennes mitraillées par le commando djihadiste.
Tous les enquêteurs de notre groupe étaient expérimentés, on avait tous vu beaucoup de scènes de crimes, beaucoup de corps, commence à la barre de la cour d'assises spéciale le policier de la brigade criminelle. Mais les premiers instants, c'était de la sidération. Il a fallu quelques instants pour commencer à travailler.
Sur l'écran géant placé derrière la cour s'affiche une photo : le bar du Carillon à droite, le restaurant Le Petit Cambodge à gauche, visés par les djihadistes, éclairés par deux lampadaires, dans une rue déserte.
L'enquêteur montrera aussi les tables renversées, le sol souillé de sang. Jamais les corps des victimes.
Il décrit. Il y a les enchevêtrements de corps, les taches de sang, les compresses qui ont servi à soigner les blessés. À ce moment-là, le côté humain, on le met au fond de soi.
Frêle dans son costume noir, BC099 – le code qui préserve son anonymat – parle d'une voix douce et regarde très peu les notes posées devant lui.
Il a reproduit les positions des corps sur un schéma. À côté de chacun d'eux, un repère marqué d'une lettre. Un cavalier, dans le jargon policier. Ici, au cavalier A, le premier corps identifié. Il continue, victime par victime, dont il donne le nom.